Un éthylotest en trop dans la voiture

Le décret relatif à la possession obligatoire d'un éthylotest par le conducteur d'un véhicule terrestre à moteur est entré en vigueur le 1er juillet 2012. Depuis cette date, tout véhicule à moteur: camion, voiture, moto et scooter de plus de 50cm3 doit posséder un éthylotest aux normes, non usagé et disponible immédiatement.

Les cyclos et scooters dont la cylindrée est inférieure ou égale à 50cm3 en sont exemptés ainsi que le véhicules équipés d'un dispositif d'anti-démarrage par alcootest électronique (installé d'origine ou par un professionnel agréé).

Le coût d'un éthylotest chimique à usage unique est d'environ 2€. Il doit être remplacé selon la date de péremption inscrite par le fabriquant, en général au bout de 2 ans.

A partir du 1er novembre 2012 (Reporté au 1er Mars 2012 pour cause de rupture de stock), le conducteur doit pouvoir présenter aux agents un éthylotest respectant les exigences suivantes : Il doit être aux normes (Revêtu d'une marque de certification ou d'un marquage du fabricant déclarant sa conformité à un modèle bénéficiant d'une attestation de conformité aux normes), être non usagé, non périmé et doit être disponible immédiatement. En cas de manquement à ces obligations il vous en coûtera une amende forfaitaire de 11€.

Elément incontournable des repas de famille et soirées entre amis, l'alcool est souvent synonyme de fête. Les français de plus de 15 ans en consomment en moyenne 12 litres par an (Les hommes en boivent nettement plus que les femmes) et environ la moitié de la population adulte boit de l'alcool au moins une fois par semaine. La consommation dans notre pays régresse régulièrement ces dernières années mais reste un problème de santé publique.

L'alcool est la seconde cause de mortalité évitable en France après le tabac. Chez les jeunes européens (15-29ans) il occupe même la première place. Les accidents de la route liés à l'alcool représentent près de 30% des décès soit 1200 sur 3970 morts sur les routes en 2011. En comparaison, les Maladies liées à l'alcool sont bien plus meurtrières avec près de 45.000 décès par an (Cancer, cyrrhose...)

Certains pays sont allés plus loin dans la lutte contre l'alcool au volant. Par exemple, au Canada lorsqu'un conducteur est arrêté en état d'ivresse, celui-ci se voit dans l'obligation de faire installer un anti-démarrage par éthylotest électronique sur son véhicule.

Le président de l'association ayant fait le forcing auprès du gouvernement pour le vote du décret n'est autre qu'un salarié du leader mondial de la fabrication d'alcootest. La société Contralco se retrouve ainsi principal fournisseur d'éthylotests en France. Un marché juteux créé de toutes pièces! L'état de son côté fait des économies puisque les automobilistes achèteront désormais directement les éthylotests servant à leur propre contrôle en plus de reverser la TVA.

La consommation importante d'alcool est un problème de santé publique au même titre que le tabac et il reste beaucoup à faire. La lutte doit se poursuivre sur la route et en dehors mais la mise en place d'une loi qui s'applique à 40 millions d'automobilistes demande à être réfléchie dans un contexte bien plus vaste. Tout d'abord, l'ensemble de la population n'est pas sujette à la conduite en état d'ivresse: 13% de la population ne boit pas d'alcool, 37% qu'occasionnellement et nous espérons qu'une bonne partie des adeptes savent se limiter avant de prendre le volant. Ensuite, d'un point de vu économique, jusque là l'état centralisait et modulait la quantité d'alcootests à acheter en fonction du nombre de contrôles effectués. Maintenant, une somme bien plus importante sera dépensée dans son ensemble mais aussi sur chaque unité vendue (l'état génère au passage un gain en TVA). Enfin, d'un point de vu environnemental ces quantités de déchets augmentées artificiellement pour suivre la taille du parc automobile sont difficilement recyclables et viendront s'entasser dans nos décharges et certainement sur le bord des routes.

Un triangle, un baudrier pour être mieux vu, Ok. L'autocontrôle nous n'y croyons pas, tout le monde sait compter jusqu'à 2 verres et le petit accessoire de cet été ne peut pas vous empêcher de démarrer. Un alcootest qui restera dans la majorité des cas inutilisé jusqu'à sa date de péremption, c'est inutile, ça pollue... mais ça rapporte. La solution adoptée par certains pays imposant la mise en place d'un anti-démarage par alcootest électronique sur les véhicules des personnes arrêtées en état d'ivresse nous semblerait plus juste.